À qui profite la vente en Primeur ?

À qui profite la vente en Primeur ?

Le système de vente en Primeur est un mécanisme typiquement bordelais, censé assurer à l’ensemble des acteurs du marché un intérêt réciproque. Il garantit au producteur un rapide retour de trésorerie, lui permettant de couvrir ses frais de fonctionnement et coûts d’infrastructures. En contrepartie, le négociant, et indirectement le collectionneur/consommateur, bénéficient de tarifs plus avantageux que lors de la sortie physique des bouteilles sur le marché, 18 à 24 mois après.

L’histoire de la vente en primeur

La vente en primeur est le fruit d’une tradition orale aux XIXe et XXe siècles. Ce système ne se formalise et ne se structure vraiment qu’à partir du millésime 1970 dont la qualité, unanimement reconnue, attire de nombreux acheteurs étrangers, notamment américains.

Dans les années 1980, le mécanisme de la vente en primeur est renforcé par l’influence des critiques comme Robert Parker ou le Guide Hachette, à une échelle plus restreinte. L’attrait spéculatif s’accroît encore avec l’arrivée de nouveaux acteurs sur les marchés au cours des décennies suivantes : les Japonais dans les années 1990, la Chine et plus largement l’Asie au début du nouveau millénaire.

Les campagnes de vente en primeur s’essoufflent-elles?

Depuis quelques années pourtant, la situation semble différente, et tous ne trouvent plus forcément leur intérêt dans ce système de vente de vin. L’attrait de bénéficier d’un tarif compétitif n’est absolument plus assuré. Actuellement les grands crus du millésime 2007 s’échangent en dessous des prix de vente en Primeur. De même les grands vins de 2012 se négocient environ 5% moins cher que l’an dernier. Même les grands millésimes, tels 2009 et 2010 sont touchés par ce phénomène.

De plus en plus, le système des Primeurs cristallise les mécontentements d’un marché qui semble avoir perdu pied. Nombreux sont ceux qui estiment que ce mécanisme, conçu par les producteurs pour vendre leur vin, ne bénéficie aujourd’hui plus qu’à ces-derniers. Ce sentiment s’exprime à travers les propos de Dominique Cruse, de la fameuse maison de négoce Ginestet : «  nous ne pourrons pas être indéfiniment les banquiers des Châteaux ».

Auteur : Aurélien Grevet

© Jean-Luc GIROLET – Fotolia.com

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