Les paradoxes de la cote des vins du Rhône

Les paradoxes de la cote des vins du Rhône

La cote des vins du Rhône présente une situation paradoxale, unique dans le marché des grands crus. Les grandes cuvées y sont extrêmement bien notées et pourtant les cours n’affichent pas les progressions constatées en Bourgogne ou à Bordeaux.

Les vins du Rhône ont une cote en retrait, mais solide et assez linéaire

Axe de diffusion de la viticulture à l’époque de l’Antiquité romaine, la Vallée du Rhône possède une histoire et une diversité de terroirs propices à la diffusion d’un large prestige international. La renommée des vins crus rhodaniens a également bénéficié de l’attrait de Robert Parker, critique presque monopolistique des années 1980 à 2000, qui attribua à la région 87 notes parfaites, le fameux « 100 points Parker ». À titre de comparaison, Bordeaux n’en a reçu que 113 pour une production bien plus importante.

Pourtant, comme le note Liv-ex, dans un rapport détaillé sur la région, le Rhône ne représente que 3,5 % des échanges sur la plateforme londonienne. Ces parts de marchés sont stables depuis une quinzaine d’années. L’évolution de la cote est également en retrait par rapport à celle de l’ensemble des grands vins. Le sous-indice Rhone 100 a certes progressé de 95,3 % depuis sa création en 2003, mais le Liv-ex 100, indice de référence du marché des grands crus, affiche une performance de 210,4 %. Par contre, contrairement aux cours des régions les plus spéculatives, la courbe de la cote des vins du Rhône est beaucoup plus linéaire et moins heurtée par les crises de l’économie mondiale.

Les vins du Rhône auraient une spécificité trop affirmée

La principale explication à ce paradoxe tiendrait à la spécificité des grands crus du Rhône. Robert Parker, qui en raffolait, était aussi connu pour son affection pour les vins puissants et épicés. Or, ces caractéristiques ne seraient pas les plus prisées du goût contemporain qui semblerait privilégier les crus plus frais et plus raffinés. Les notes poivrées de la Syrah, cépage constitutif des grands crus du Nord de la Vallée du Rhône, ne seraient que très diversement appréciées par le marché mondial.

Une qualité trop régulière jouerait contre la cote des vins du Rhône

De même, et nous ne sommes plus à un paradoxe près, la remarquable régularité qualitative des millésimes du Rhône irait à l’encontre de l’intérêt des belles cuvées de la région. Le témoignage d’un négociant membre du Liv-ex est édifiant :

« le problème majeur est que les millésimes sont infailliblement bons, les vins obtenant systématiquement des notes élevées ; et cette abondance de bons vins, peu différenciés, induit l’absence de l’impératif d’acheter ».

Ce dernier rappelle à juste titre deux éléments clés du marché des grands crus, le prix et la rareté, et ajoutons, surtout la perception que le marché en a. Des vins trop régulièrement excellents et pas assez chers ne passionneraient pas les foules.

Quelques cuvées rares échappent à cette prudence du marché mondial. Elles ont vu leurs cours s’emballer au cours des dernières années. C’est le mythique Rayas à Châteauneuf-du-Pape, ou encore la Réserve des Célestins d’Henri Bonneau dont la cote a flambé après la disparition de ce vigneron d’exception, et aussi les fameux crus de la trilogie La Turque, la Mouline la Landonne de Guigal.

 

Auteur : Aurélien Grevet

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Crédit image :  Liv-ex

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