Les grands crus sont-ils bios ?

Les grands crus sont-ils bios ?

Alors que les labels en bio et en biodynamie fleurissent ardemment sur les bouteilles de vin, il semblerait que les grands crus soient à l’écart de ce phénomène. Pas un seul logo en vue sur les étiquettes, ou même dissimulé sur les contre-étiquettes, des flacons les plus prestigieux. Seraient-ils tous issus d’une agriculture conventionnelle ?

La réponse est heureusement négative, et au contraire, nombre de grands crus ont opté depuis plusieurs années déjà pour des pratiques plus en adéquation avec la préservation de l’environnement et de la biodiversité.

Les grands crus de Bourgogne ont ouvert la voie du bio, dès les années 80

La Bourgogne est, à cet égard, la véritable région pionnière, les plus grands domaines bourguignons opèrent en biodynamie depuis des décennies. Le Domaine de la Romanée Conti est converti depuis 1985, le rôle essentiel de Lalou Bize-Leroy, co-gérante du ce domaine, mais également propriétaire des domaines Leroy et d’Auvenay, est unanimement reconnu. La Maison Drouhin suit depuis 1988 un mode de culture identique. Et impossible de ne pas citer parmi les pionniers d’une approche plus naturelle, en dehors de la Bourgogne, Nicolas Joly de la Coulée de Serrant dans la Loire.

Dans les années 1990, Anne-Claude Leflaive œuvra activement à la promotion de la biodynamie, et dans son domaine, et à travers son École du Vin et des Terroirs de Puligny Montrachet lancée à la fin de la décennie suivante. Les plus grands noms de la Côte s’associèrent à cette démarche dont Aubert de Villaine (Romanée-Conti), Jean-Marc Roulot, Dominique Lafon (Comtes Lafon), ou encore Pierre-Henri Gagey (Louis Jadot). Sans dogmatisme ni recettes miracles, les séminaires qui y furent organisés diffusèrent progressivement une approche « écologique, environnementale et humaniste » de la vigne et du vin.
L’influence de cette école dépassa largement les frontières régionales. De célèbres figures de Bordeaux participèrent à ces séminaires et, dans un esprit d’ouverture, y enrichirent leur réflexion.

Dans un article de la revue Terre de Vins, Pénélope Godefroy du Château Latour témoigne :

« Le stage m’a permis de compléter mon mode de raisonnement très scientifique par une approche analogique et sensorielle. Il m’a décomplexée par rapport à la biodynamie. Je n’ai pas eu besoin de renier mes convictions ».

Dans les années 2000, les grands Châteaux du Bordelais se sont aussi mis au bio

A Bordeaux, l’autre éminente place des grands crus, le passage au bio fut plus tardif. Le Château Pontet-Canet, labellisé bio en 2011 après plusieurs années de conversion, y est un précurseur depuis 2004. Autre grande figure de ce mouvement girondin, Claire-Villars Lurton qui convertit Haut-Bages Libéral (5e Grand Cru Classé de Pauillac), puis Ferrière (3e Grand Cru Classé de Margaux) au bio, puis à la biodynamie. Elle raconte l’élément déclencheur que fut sa rencontre avec Anne-Claude Leflaive dans les années 1990.

Depuis une large décennie, le mouvement s’accélère avec le Château Palmer qui prit un tournant en 2008, puis le Château Montrose, et désormais le Château Margaux ou encore le Château Latour.

Thomas Duroux, directeur général du Château Palmer, revendiquait, dans un article de 2018 des Échos, le rôle exemplaire que doivent jouer les Grands Crus Classé dans ce mouvement du bio qui est « dans le sens de l’Histoire ». Il rappelait également que les vins ainsi produits gagnent en qualité et en authenticité :

« Nous avons vite constaté que nos vins gagnaient en précision dans l’expression du terroir. Palmer avait toujours fait de grands vins, mais la biodynamie a apporté une authenticité supplémentaire. »

 

Auteur : Aurélien Grevet

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Crédit image :  Pixelot – Adobe Stock

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